Depuis janvier, Caroline Dewynter sillonne les Pays de la Loire dans le cadre de sa nouvelle mission de coordinatrice régionale de l’association Coopérer pour entreprendre. Un réseau en plein essor.
L’économie sociale et solidaire, c’est son domaine. La région Pays de la Loire, son terrain de jeu. En 2016, après avoir pilotée un programme de recherche régional sur l’innovation sociale et technologique dans l’ESS (ISTESS) – qui a notamment permis le développement de l’outil ADIS (Auto-diagnostic d’Innovation Sociale) « pour vérifier si un projet relève ou non de l’innovation sociale » – Caroline Dewynter a réalisé une pige de trois mois du côté de Trélazé, près d’Angers, en tant qu’animatrice de la Coopérative jeunesse de service (CJS). Rien de plus naturel donc, pour celle qui a fait du développement économique territorial une vocation depuis ses études rennaises, d’occuper le tout nouveau poste régional de Coopérer pour entreprendre, premier réseau de Coopératives d’activité et d’emploi (CAE) en France. Des structures en pleine essor ces dernières années. Les Pays de la Loire en compte actuellement sept, qui regroupent au total plus de 800 entrepreneurs. Une manière différente de lancer son projet, un hébergement comptable et juridique assuré, une gouvernance participative à la clé, mais surtout un accompagnement personnalisé dans la création de son activité. Pas étonnant que la formule séduise autant.
« Sans bureau fixe », Caroline Dewynter est sur les rails depuis janvier et le début de sa prise de fonction. « Aujourd’hui j’étais à Laval. Tous les lundis je suis au Solilab, deux mardis par mois à Couëron, et deux jours par semaine à Angers. » Sa mission ? En deux temps. La coordination des Coopératives d’activité et d’emploi (CAE) et celle des Coopératives jeunesse de services (CJS) à travers la région. « Il y a aussi la communication externe, l’animation des réseaux sociaux. La veille de l’information est très importante également : quelles sont les nouvelles formes d’emplois collaboratifs par exemple. Et puis le travail sur la représentativité, parler des CAE, rencontrer les partenaires… »
Appuyer et accompagner les entrepreneurs
Mais au fait, c’est quoi exactement une CAE ? « Les coopératives d’activité et d’emploi rassemblent des professionnels de métiers très variés, et leur permettent d’évoluer dans un cadre collectif. Chaque CAE accompagne des porteurs de projet dont l’état d’avancement est considéré comme mature. Le statut d’autoentrepreneur en tant que tel n’est pas fait pour du long terme et n’est pas très protecteur. Cela ne convient pas à tout le monde. Au contraire, avec les CAE les avantages pour les entrepreneurs sont multiples. Ces derniers sont indépendants dans la manière de gérer leur activité et bénéficient du statut de salarié, ce qui inclut une cotisation pour le régime général de la sécurité sociale, une mutuelle… Ces entrepreneurs-salariés intègrent également un réseau qui va leur offrir des débouchés économiques. Et leur gestion administrative est prise en charge. »
Chaque CAE est composée d’une équipe de salariés, dite d’appui, qui travaille au cas par cas avec leurs membres entrepreneurs. Dans les équipes : des chargés d’accompagnements et des comptables, mutualisés avec l’ensemble des entrepreneurs-salariés. Au départ, les entrepreneurs s’engagent avec une CAE sur trois ans. La première mission qui lie Coopérative d’activité et d’emploi et entrepreneurs est le test de l’activité. Pour une durée variant de trois à six mois. Une fois cette étape validée, les deux parties œuvrent au développement de l’activité. L’entrepreneur devient dans le même temps salarié dans le cadre d’une entreprise coopérative partagée avec les autres entrepreneurs de sa CAE. Au terme de cette période, l’entrepreneur-salarié peut choisir : soit de voler de ses propres ailes en montant sa structure, soit opter pour le statut d’associé au sein de sa CAE et en devenir ainsi sociétaire.
800 entrepreneurs-salariés en Pays de la Loire
En région Pays de la Loire, on dénombre sept Coopératives d’activité et d’emploi. Trois sont dites généralistes, c’est-à-dire qu’elles hébergent tous types de métiers (sauf les métiers réglementaires comme les architectes, médecins, notaires). La plus importante en terme d’entrepreneurs-salariés est Ouvre-Boîtes, à Nantes, et en regroupe à elle seule 400. Les deux autres sont CDP 49, installée à Angers, et Coodémarrage qui intervient en Mayenne. Ensuite, viennent les coopératives dites spécialisées. Bâticréateurs s’adresse à toute personne qui désire créer une activité dans le domaine du bâtiment dans la région. Coopchezvous est une coopérative d’activité et d’emploi spécialisée dans les services à la personne en Loire-Atlantique ainsi qu’en Mayenne. Les CIAP (Coopératives d’Installation en Agriculture Paysanne) accompagnent quant à elles les porteurs de projet du secteur agricole dans chaque département de la région. De son côté, OZ est la première du genre en région. Cette CAE est dédiée aux artistes, techniciens, professionnels des métiers culturels et créatifs. Implantée à Angers et Saint-Nazaire, elle a vocation à se développer sur l’ensemble du territoire régional.
Des jeunes créent leur propre job d’été
« Les Coopératives jeunesse de service c’est 25% de mon temps dédié à cette mission. Ce sont les CAE qui portent juridiquement ces CJS. Les CJS sont des projets d’apprentissage à l’entrepreneuriat. On en compte une dizaine en Pays de la Loire. Un groupe de 12 à 15 jeunes, entre 16 et 18 ans, créent leur coopérative le temps d’un été pour proposer leurs service auprès des entreprises et particuliers », d’après Caroline Dewynter. Véritable projet d’émancipation par le collectif, les Coopératives jeunesse de service représente pour ces jeunes un premier pas vers la vie active et l’entrepreneuriat. Durant la période estivale, « la quinzaine de jeunes par CJS bénéficie de plusieurs temps d’apprentissages, notamment sur la communication, la prise de parole, le travail en groupe, le logiciel comptable. »
Ismaël Martin